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titulaire. Les Malgaches se montraient pleins de respect à son égard ; les créoles eux-mêmes lui témoignaient une certaine considération, parce que le sang blanc des Violhardy coulait dans ses veines, et qu’il est prudent d’avoir des relations à la Douane.

Sur ces entrefaites, le Fandzakana créa des gouverneurs indigènes, et demanda aux assemblées des villages ou Foukounoulouna de les choisir. Tamatave désigna Violhardy. Il était devenu très populaire parmi les Malgaches sous le nom de Raviolaridy, forme houve de Violhardy, dont les vazaha, irrespectueusement, avaient fait Ravioli. Donc Ravioli, élu du peuple tamatavien, alla demander conseil à son chef, le préposé des Douanes.

— Accepte, ô Ravioli. Tu auras cent vingt francs de solde, sans compter la gratte… Seulement rappelle-toi que trop gratter cuit…

Ravioli ne savoura pas la finesse de ce conseil, mais il s’en appropria la lettre. Devenu gouverneur principal de la deuxième ville de Madagascar, il rançonna ses compatriotes, sans pitié ni merci ; en trois ou quatre ans il acquit des rizières, des bœufs, des maisons, et une somme rondelette en piastres. De sourdes haines s’accumulaient contre lui ; cependant nul n’osait jeter la première pierre, et il continuait de prévariquer. Bientôt il fut très riche. Un seul point le tracassait : il était assoiffé de considération ;