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venait d’arriver. Il était aide-magasinier de troisième classe à la direction de Tamatave, aux appointements de trente francs par mois. Tout de suite il courut se commander un uniforme, huit boutons sphériques de métal blanc sur un dolman de toile. Le Chinois lui fit crédit, sur l’annonce de son accession à un emploi du Fandzakana. Puis Rakoutou rentra chez lui, pour prévenir sa ramatou, Zazafina Victoire Ranourou ; elle était métisse non reconnue d’un Bourbonnais et d’une Betsimisaraka, elle avait été élevée par sa mère à la mode indigène et parlait très imparfaitement le français, n’ayant guère fréquenté l’école. Il l’avait épousée sans témoins ni notaire, à la mode malgache, lorsqu’il s’appelait Rakoutou, et l’avait gardée, en reprenant le nom de Violhardy, parce qu’elle avait dans les veines du sang bourbonnais et qu’elle était ménagère économe. Ce jour-là on fit bombance ; un parent de Zazafina ouvrit un crédit honnête sur la future solde de l’employé.

Une vie nouvelle, vie de satisfaction et de bien-être social, commença pour Violhardy et sa femme. Le bonheur n’a pas d’histoire : pendant sept ans, l’aide magasinier présida au rangement des caisses manipulées par les bourjanes dans les entrepôts de la Douane ; au bout de trois ans, il était passé de deuxième classe, de première après trois autres années ; il envisageait l’espoir d’être magasinier