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et sans énergie, avait les émotions d’un garçon de dix-sept ans, lâché par sa première maîtresse. Il gardait, comme des reliques, les derniers gants portés par Zanamanga, un ruban de velours jaune qui avait touché son cou. Il lui avait demandé la tabatière en argent où elle mettait son tabac à priser ; en échange, il lui avait fait faire, chez un bijoutier indien, une petite boîte d’or. Enfin, Zanamanga lui avait amené solennellement, le jour de son départ, une cousine à elle, qui lui ressemblait un peu, et, sur la demande expresse du vazaha, la nouvelle ramatou avait revêtu une vieille robe de l’aimée, pour faciliter l’illusion. Toutes deux se prêtaient complaisamment à ces enfantillages, l’une indifférente, l’autre heureuse de voir que ses affaires s’arrangeaient, qu’il n’y aurait pas de scène violente entre ses vazaha. Du reste les ramatous ne s’étonnent jamais d’aucune excentricité ; quand elles ne comprennent pas, elles se disent simplement : ce sont mœurs d’Européens.

Le jour de l’arrivée de l’automobile, vers quatre heures de l’après-midi, Zanamanga se rendit place Colbert, en face de la poste, et patiemment elle attendit. Elle avait emmené sa mère, pour éviter les intrigues indiscrètes, et parce qu’il était plus convenable que cette vénérable matrone la remît entre les mains de son époux vazaha. A quatre heures l’automobile fut annoncée. Des Européens agités