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affichait trop, car pour eux le scandale est pire que la faute.

Cependant les huit mois de congé de Berlon étaient écoulés. Par une chance inespérée, il fut affecté de nouveau à Tananarive. Il ne revenait pas guéri de sa passion pour Zanamanga, mais anxieux de savoir si sa maîtresse consentirait à reprendre la vie d’autrefois. Il n’ignorait pas qu’il avait eu un intérimaire, de bons amis n’avaient point manqué de le renseigner là-dessus. Du reste, d’après la coutume malgache, ce genre d’infidélité est légitime : jadis, quand un Houve quittait l’Imerina et s’en allait au delà des douze montagnes pour un temps plus ou moins long, il pouvait contracter un mariage provisoire dans le lieu où il s’établissait, et sa femme, restée sur les plateaux, avait le droit de choisir un amant sans encourir le moindre blâme. Zanamanga, qui était la femme malgache de Berlon, devait donc, d’après les mœurs du pays, reprendre avec lui la vie commune, à son retour. Pourtant elle hésitait : les deux vazaha étaient aussi épris d’elle l’un que l’autre ; l’absent avait des droits antérieurs, la jeune femme ressentait pour lui une secrète préférence ; par contre sa vie était arrangée avec l’autre, qui avait autant d’argent et plus de complaisance ; il laissait sa ramatou plus libre que ne le faisait Berlon, surveillait moins ses faits et gestes, lui épargnait d’inutiles scènes de jalousie. Fina-lement