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A un moment où les bas de soie noire pour dames manquaient à Tananarive, le Louvre en avait reçu deux douzaines : Zanamanga les avait tous pris au déballage, à dix francs la paire.

Un matin elle avait gagné sans chemise quelques piastres qu’aussitôt elle échangea contre une chemise de soie merveilleuse. En rentrant elle n’eut rien de plus pressé que de la montrer étourdiment à son vazaha.

— Mais tu m’as dit hier que tu n’avais plus un sou. Avec quoi donc as-tu acheté ça ?

— C’est vrai, je n’avais plus d’argent. Mais j’ai emprunté quatre piastres à mon amie Raketa, pour acheter cette chemise. Donne-les-moi, je dois les lui rendre cet après-midi.

Pour une soirée de bienfaisance au théâtre de Tananarive, elle demanda à Renouard le prix d’une loge de vingt francs. Elle se fit encore offrir la même loge par quatre autres vazahas, avec qui elle avait eu des relations aimables. Enfin elle ne paya pas ces places pour lesquelles elle avait reçu cent francs ; car le coupon lui en fut donné par un Malgache, employé au théâtre, à qui elle avait accordé ses faveurs.

Ses compatriotes eux-mêmes, dont la morale est pourtant facile, la jugeaient sévèrement et eussent souhaité lui voir une conduite plus décente avec un vazaha si généreux. Ils estimaient surtout qu’elle s’