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voyageurs s’enveloppaient de manteaux, avant de monter en automobile. Zanamanga avait accompagné son ami. Quand l’automobile démarra, pour plonger dans la descente vers la route de l’Est, Berlon avait le visage inondé de larmes, et la ramatou pleurait aussi comme une petite fille. Elle était stupéfiée de chagrin ; elle resta un bon moment immobile, regardant vers l’Est le brouillard maintenant rose, pendant que le vent frais séchait les larmes sur ses joues. La corne de l’automobile poussait dans la brume des appels de plus en plus sourds ; il lui semblait que Rabéry, comme elle appelait familièrement Berlon, était déjà loin, si loin, vers Touamasina, où l’attendait le grand bateau pour l’emmener vers le pays des vazaha. Son amie Ranourou, qui ne l’avait pas quittée, l’entraîna doucement par la main vers la rue Amiral-Pierre, et les deux femmes tournèrent le dos à la route de l’Est. Elles allèrent chez Zanamanga, qui disposait encore pour quelques jours de la maison de son vazaha, elles rangèrent toutes les affaires, les jupons, les robes, les lambas, les dentelles et les paires de chaussures, dans plusieurs soubika, qu’un bourjane emporta sur l’épaule, ficelées aux extrémités d’un bambou ; puis l’amie rentra chez elle, et Zanamanga s’en fut tranquillement à la maison de l’administrateur Renouard. Elle avait rendez-vous avec lui pour aller déjeuner à Ilafy. C’était le probable successeur