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faciles avec les femmes de leur race, sont vite pris par le charme exotique des filles de l’Imerina, assez rapprochées de l’idéal européen de la beauté pour leur être sexuellement sympathiques, à la différence des négresses ou des esquimaudes, et suffisamment différentes d’eux pour aviver leurs désirs et leur ouvrir le lent apprentissage des concubinages inconnus. Leur chair, si fraîche, de très vieil ivoire ou de bronze pâle, est plus attirante que les lys ou les roses factices des femmes trop fanées d’Europe, dites de joie. Leurs gestes éternellement puérils et leurs formes graciles leur donnent presque l’attrait des vierges, l’ardeur de leur sang les fait, d’instinct, égales aux plus expertes marchandes d’amour ; et toujours elles demeurent la maîtresse exotique, séparée du blanc par un mur non pas de verre, mais d’airain. On revit avec elle les amours étranges peintes par Loti, on se regarde être l’amant d’Aziyadé et de Mme Chrysanthème ; et le roman s’éternise, à la manière des collages de France, avec l’excuse du milieu complice, du décor merveilleusement approprié, de la rareté des Européennes.

Donc Louis Berlon ne pouvait se consoler de quitter Zanamanga, il se demandait avec dépit quel successeur cette enfant pratique lui donnerait, peu de jours après son départ. Car il ne se faisait guère d’illusions ; il n’était point de ces vazaha naïfs qui croient