it scandale, si elle allait jusqu’à Tananarive. Toutes les exactions, toutes les violences, tous les stupres de Ranarivelou s’amoncelleraient alors en un énorme dossier. Cette histoire, mise en branle, en entraînerait d’autres à sa suite. On reprocherait à l’administrateur d’avoir caché ce qui se passait dans sa circonscription. Déjà il se voyait blâmé par le gouverneur général, déplacé peut-être. A tout prix il voulait empêcher cette sotte affaire de sortir du district, tout au moins de la province. Dès le lendemain il partit pour Antanambao. L’inspecteur de milice se frottait les mains. Quant à l’administrateur, il n’avait plus qu’un espoir : décider Ratsimba à retirer sa plainte.
L’enquête fut vite faite : Ranarivelou avouait, Bao se déclarait victime, les six miliciens témoignaient comme un seul homme ; toutes les vieilles rancunes d’Antanambao se réveillaient contre le gouverneur indigène ; le village entier le chargeait, parce qu’il était jugé perdu.
Mais l’administrateur, qui comptait beaucoup d’années de brousse, connaissait l’âme malgache. Il prit Ranarivelou à l’écart et lui tint à peu près ce langage :
— Tu en as trop fait : je ne peux plus te couvrir, moi ton chef. Si tu ne veux pas être révoqué par le gouverneur général, donne dix piastres à Ratsimba, pour qu’il retire sa plainte, sans quoi je ne réponds de rien.