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après son départ, qu’il l’avait assaillie brutalement et prise de force. Ses vêtements en désordre, son lamba froissé jeté dans un coin, confirmaient l’aveu. Ratsimba enrageait surtout de ce que la chose se fût passée en plein jour, au su de tout le village. Il avait tiré la claie en roseaux qui servait de porte à sa case ; il sentait la curiosité des gens en éveil et ne voulait pas donner aux maris betsimisaraka le spectacle da sa déconvenue. Au fond, il était plus embarrassé que furieux. Il éprouvait une vive colère contre Bao, non parce qu’elle l’avait trompé, mais à cause du scandale. Contre Ranarivelou il imaginait de terribles représailles, à condition qu’elles fussent sans danger. Tuer son ennemi d’un coup de fusil, c’était bon pour un Sénégalais ou un vazaha. Lui, déterminé par les obscures virtualités de sa race, songeait au poison. Il voyait le séducteur de Bao mourant de consomption, après avoir absorbé du bouillon de racines de riz, ou écumant dans une crise tétanique causé par le rehiba, l’arbre qui donne la rage. Ou bien encore il irait demander à un sorcier les oudy qui font mourir et enterrerait dans un chemin, sur le passage de son ennemi, une corne de bœuf pleine de maléfices. Ces moyens non plus n’étaient pas sûrs et pouvaient le compromettre. Si Ranarivelou venait à mourir de mort mystérieuse, les soupçons ne se porteraient-ils pas sur lui ?