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s’accroupir en un coin, frileusement enveloppée dans son lamba, et la milice tout entière pouvait constater que l’honneur du corps demeurait sauf.

Ranarivelou, exaspéré, au risque de s’attirer une mauvaise affaire, résolut d’en finir. Pour mettre toutes les chances de son côté, et par un reste de fourberie native, il commença par endormir la défiance de son ennemi. Il afficha une liaison nouvelle avec une fille du village, il combla celle-ci de cadeaux, contre son habitude, il feignit de ne plus regarder Bao. Puis, un jour, il ordonna à trois bourjanes dévoués d’entraîner Ratsimba sous quelque prétexte et de le retenir, par violence ou par ruse, éloigné une heure ou deux de sa case. Pour cette besogne, chacun reçut une demi-piastre et la promesse d’une saoulerie de touaka.

L’affaire fut fixée au lendemain. Le milicien précisément avait annoncé, ce matin-là, son intention de visiter un champ de manioc à quelque distance du village. Les trois compères s’y rendirent. Le long du chemin, au bord d’une rizière, gisait une grande pierre plate. L’un d’eux, avec un morceau de charbon, y traça les losanges d’un jeu de fanourana, tira d’un coin noué de son lamba les cailloux blancs et noirs qui servent de pions, et, avec un de ses camarades, se mit à jouer. Quand Ratsimba survint, la partie était avancée ; de suite il