Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

du pays. Elle avait aux bras des bijoux indiens et aux oreilles de grands anneaux d’or, donnés jadis par un vazaha. Le lourd Betsileo était flatté de posséder une si jolie ramatou : les dimanches ils se promenaient tous deux, en se tenant par la main, sur la route d’Anousibe, lui dans son uniforme bleu et kaki, aux boutons brillants, avec la chéchia rouge piquée d’une étoile ; elle enveloppée dans un grand lamba orange et jaune, comme en portent les femmes, en terre sakalave. Les ramatous d’Antanambao la trouvaient trop fière et feignaient de ne pas la voir, mais les hommes la regardaient tous avec des yeux luisants de désir. Aussi Ratsimba, gonflé d’orgueil, chérissait sa femme à l’égal d’un objet précieux.

Et puis il avait l’esprit de caste, la conscience de son importance de milicien. Dans ce village de Betsimisaraka craintifs et soumis, lui l’ambaniandrou, soldat du gouvernement, représentait une part de l’autorité. Les gens du pays, porteurs de salaka et de rabanes, respectaient les boutons de cuivre de son uniforme, et il ne fallait pas qu’on pût rire de lui. Sûr d’être soutenu par son inspecteur, au chef-lieu du district, contre le gouverneur indigène, par jalousie de l’administrateur, il se sentait plein de haine à l’égard de Ranarivelou le Houve, qui osait convoiter la femme d’un milicien. Ce Ranarivelou ne lui en imposait guère malgré son titre de