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quel argument leur donner ? Les deux bourjanes, immobiles, le regardaient, Razafy confiant, et Ralahy presque goguenard. Le Coq-sans-queue en oubliait de fumer sa pipe, et, les yeux au ciel, comme une pintade qui regarde le soleil, il cherchait une inspiration.

— Regarde, dit-il enfin au bourjane, la terre et le ciel, les rivières et les montagnes, les plantes, les animaux et les hommes ! Qu’est-ce qui a fait tout cela, si ce n’est pas l’Andriamanitra ?

— La terre existait elle-même, et le ciel aussi. Tous nos ancêtres les ont toujours vus. Les eaux jaillissent au fond des montagnes et suivent les endroits bas. Les animaux et les hommes se créent eux-mêmes, car toutes les femmes peuvent enfanter, et de même toutes les femelles des bêtes peuvent donner des petits. Les vazaha disent que l’Andriamanitra a fait toutes choses. Mais qui a fait l’Andriamanitra ?

— L’Andriamanitra a toujours existé.

— Et son père et sa mère, qui sont-ils ? Avons-nous jamais vu un être qui n’a pas de père et de mère ?

Le vazaha jugea l’objection ridicule, mais difficile à réfuter. Il songea à clore la discussion : des paroles incompréhensibles pour des bourjanes et prononcées d’un ton majestueux, devaient faire impression sur ces esprits simples :