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soustraire à la corvée religieuse. Cependant des ramatous et des petits enfants montaient vers la grande case rouge, nue et triste, marquée d’une croix ; ils tenaient à la main les livres noirs, très crasseux et déchirés, où sont cachées les paroles mystérieuses d’un Andriamanitra ; quelques vieillards à longues barbes blanches les suivaient d’une démarche lente et grave : ils continuaient d’accomplir solennellement, par habitude, les rites qu’on leur avait imposés, dix ans plus tôt. Mais la plupart des habitants vaquaient à leurs occupations ordinaires et n’observaient point le fady du jour des Monpères. Ralahy, esprit fort de Tananarive, fit une plaisanterie sur l’Andriamanitra des vazaha. Mais son camarade Razafy, qui avait longtemps servi chez un missionnaire protestant, le traita de vaurien : il y eut dispute ; Razafy protestait que les missionnaires disent la vérité ; Ralahy affirmait que leurs histoires ne sont que mensonge ; il ne croyait, lui, qu’aux Razana, Andriamanitra des Malgaches et aux Êtres redoutables que les anciens ont vus et décrits. Il paria même que le Dieu des chrétiens n’existait pas, et l’autre bourjane tint le pari. L’enjeu était le salaire d’une journée, un franc vingt-cinq. On décida d’en référer au vazaha. Le village entier, mis au courant, s’intéressa au pari ; de longs kabary s’engagèrent après le repas de midi, sur ces graves questions, pendant que le Coq-sans-queue faisait la sieste.