fanafody, il devait aussi savoir les mauvais, ceux qui font mourir, qui rendent adala, ou estropié, ou infirme. Et les bourjanes éprouvaient à son égard une crainte mêlée de respect, ce qui ne les empêchait pas de se moquer de lui entre eux, chaque fois qu’ils en avaient l’occasion. Un jour, dans un village, on rencontra un grand coq rouge, sans queue et très haut sur pattes : ce furent des éclats de rire sans fin. Le Coq-sans-queue lui-même s’esclaffa à la vue de ce ridicule animal. Quant aux bourjanes, à force de se tordre, ils en avaient mal au ventre. Le fait s’était passé dans un endroit appelé Maroutety : jusqu’à la fin de la tournée, on parla du coq de Maroutety, ce fut même une nouvelle ma-nière de désigner le vazaha.
Une autre fois, une grande discussion eut lieu entre Malgaches sur les choses de la religion. C’était un dimanche, dans un village du Betsileo. Cinq ou six mpilandza, accroupis devant une case en terre rouge, raccommodaient leurs akandzou et adaptaient des lanières aux semelles de cuir dont ils se servent pour marcher sur les chemins pierreux. Des gens du village s’en allaient vers l’église des Monpères, dont la cloche sonnait, dans l’air limpide, à toute volée. Ils n’étaient pas très nombreux, car le Fandzakana, depuis deux ans, n’ordonnait plus de suivre les coutumes des missionnaires venus d’Europe, et les Malgaches pouvaient maintenant se