les pays des races heureuses : de Vohémar à Mahanoro il avait vu les Betsimisaraka indolents ; leurs villages ne sont entourés d’aucunes cultures, et les habitants se nourrissent de bananes, de poissons, de riz poussé au hasard dans les tavy. D’Ankavandra à Mouroundava et d’Andriba à Marouvouay, il avait traversé la terre des nonchalants Sakalaves ; ceux-là regardent avec dédain les Hova et les Betsiléo, bourjanes ou marchands, et n’ont jamais compris pourquoi les vazaha, forts et fiers, peinent à des besognes serviles, au lieu d’avoir des esclaves. Eux laissent errer leurs bœufs innombrables dans les vastes plaines, où, sur la steppe herbeuse, se dressent les palmiers, et ils vendent chaque année juste assez de bêtes pour payer l’impôt, acheter du rhum, des lambas multicolores, et manger du riz.
Ralahy aurait voulu être Sakalava ou Betsimisaraka. Pourquoi ses ancêtres à lui avaient-ils choisi la mauvaise part ? Pourquoi, venus de la mer, d’après les récits des Anciens, étaient-ils montés vers les Terres-Sèches, toutes nues sous le ciel clair, vers les plaines rouges où l’herbe même se fane pendant la saison froide, où le riz ne pousse que dans les marais endigués, et dans les boues remuées par le hoyau ou piétinées par les bœufs ?
Mais tout de suite ses pensées prirent un autre cours : il craignit d’avoir eu des désirs mauvais, d’