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et les habiller ? N’était-ce pas plutôt que les Malgaches, indistinctement, seraient les esclaves des vazaha ?

Ratsimba n’ajoutait pas foi à ces rumeurs ; pourtant il se sentait inquiet, se demandait à quel maître il appartiendrait demain. Or voici qu’un jour des Européens vinrent en effet, se disant les propriétaires de la terre de Rainiketamanga, de la case et des troupeaux. Ratsimba se courba devant eux avec le geste servile, les mains étendues vers la terre, les appela ses père et mère, et se déclara leur esclave obéissant.

— Il n’y a plus d’esclaves. L’esclavage est aboli. Tu es libre ! tu peux t’en aller.

Ratsimba se courba davantage en renouvelant ses protestations : il ne comprenait pas.

— Tu es libre ! répétèrent-ils… Est-il bête ! Il ne comprend pas ! Faut-il qu’il soit abruti par la servitude.

Et ils regardaient l’esclave, étonnés de ne pas voir les traces des fers à ses mains et à ses pieds, et sur son visage les signes de la dégradation la plus abjecte. Le vieux restait debout devant eux, propre et sain, la figure glabre et ridée, les cheveux droits coupés court, les pommettes un peu saillantes, les yeux vifs et francs, pareil à un paysan d’Europe.

— Tu es libre ! crièrent-ils encore une fois. Tu n’as plus de maître. Tu peux aller où tu voudras, faire ce qui te plaira !