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farouche, car leur venue menaçait ses biens et sa situation sociale. Un jour il vint à Ambouhidratrimou, et annonça secrètement à Ratsimba qu’il y aurait sous peu du nouveau. Les vazaha seraient massacrés dans les six provinces, on exposerait leurs têtes coupées, fixées à des pieux, sur la grève de Tamatave, comme les habitants de la forêt attachent des mâchoires de sangliers sur de hautes perches, en avant des villages, pour effrayer les autres sangliers. Ratsimba et les travailleurs des rizières devaient se tenir prêts, ils déterreraient les sagaies cachées dans les silos et accourraient vers Tananarive, la nuit où ils entendraient les conques de guerre donner le signal sur les rouva des douze villes saintes. Mais les Ancêtres, se souvenant de la violation des rites, et fâchés de ce que les rois eussent abandonné leur culte pour celui des étrangers, livrèrent complètement aux vazaha les Houva, les Andriana et le peuple ; ils accomplirent le bouleversement des castes, la confusion des fortunes, et l’abaissement de la race : ils achevèrent ainsi l’œuvre qu’avait préparée, en brûlant les Sampy, Ranavalouna Mpandzaka. Donc les têtes des soldats blancs ne furent pas exposées, comme en 1882, sur la plage de Tamatave ; et la reine de Madagascar, transportée par delà l’Eau-Sainte, expia en exil d’avoir suivi avec trop de docilité les conseils de son parti.