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les forçats de la volupté

— Non, je t’en supplie, André, tu as assez bu. C’est déjà la troisième.

— Garçon, encore une !

Et, après ce cri de buveur obstiné, André Sarel se pencha vers un des violonistes qui était tout près de lui ; car, arrivés très tard, lui et Marguerite Landal, n’avaient trouvé de place qu’à côté de l’orchestre.

— N’est-ce pas, mon vieux, je ne suis pas saoul ? Tiens, tu vas trinquer avec moi… Garçon, un autre verre…

Au bout de quelques instants le mastodonte revint avec la bouteille demandée. André emplit les coupes lui-même, en passa une au violoniste, puis vida la sienne d’un trait. Il l’emplit aussitôt une seconde fois, puis une troisième, et la vida coup sur coup avec la même désinvolture. On eût dit qu’il avait fait un pari, qu’il voulait voir ce qu’il pourrait supporter. Ses yeux, où brillait une flamme d’ivresse, étaient humides. Les femmes qui se promenaient à la recherche du client riche, le frôlaient en passant :

— Viens, mon gros ; t’as ta mesure ; viens, on va rigoler ; t’as des yeux cochons…