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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Une heure après, seule, épuisée, saignante, je revins à moi sur le lit en chiffons. Chose atroce, mes vêtements et mon linge étaient en morceaux. Je ne pouvais sortir avec cela. Or, cette brute de Pacha-Lourmel avait fait livrer, dans un autre but et placé là pour moi un costume neuf et diverses choses de toilette.

Le silence régnait dans l’appartement. Exténuée je faillis me coucher et dormir. Je trébuchais dans cette chambre, nue, douloureuse, courbaturée et désespérée… Ah cette heure que j’ai vécue…

Il me fallut m’habiller de ces choses neuves… Il le fallut. J’aurais été arrêtée pour outrage à la pudeur en sortant avec le reste de mes vêtements de lutte. Je le fis donc. Enfin, je me dirigeai vers la porte.

Dans la pièce à côté, Pacha-Lourmel, blême et seul, était assis. Quand j’apparus, il vint au devant de moi comme pour dire des mots tendres, des mots d’excuse peut-être…

Ma face le glaça. Il fit encore un pas. Mais je pouvais à peine marcher. Je lui fis signe violemment de ne pas s’approcher de moi.

Alors, précipitamment, il tira son portefeuille et me tendit une liasse de billets de banque.

Je les pris et d’un soufflet les lui appliquai sur le visage.

Il devînt couleur de tan. Je passai et sortis. Je n’ai de ma vie souffert comme en descendant cet escalier-là.

— Et puis ?

— Fini ! Je ne l’ai jamais revu.

— Mais, Idèle, pourquoi refuser les billets de banque. Ils ne te coûtaient plus rien ?

— Aussi, Kate, les ais-je regrettés…