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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

La conversation avait porté sur l’amour, naturellement. Puis elle vint à sa technique. La femme du compagnon de Pacha-Lourmel, à peu près grise, fit des confidences étranges. Je les ai oubliées, mais je sais qu’elle les mima. Cela me laissait froide. Je n’avais goût qu’à parler de choses spirituelles.

Soudain Pacha-Lourmel très allumé vint s’asseoir à mon côté sur un petit canapé où j’étais à demi étendue et où je dus lui faire place, ce qui m’irrita. Il me dit :

— Voulez-vous, ma chère, accepter ce petit appartement ?

Je répondis :

— Il est délicieux…

— Il est à vous, reprit-il…

Et en même temps il se pencha et m’embrassa sur la bouche.

Je résistai au désir de lui donner une gifle, mais comme il voulait en sus mettre sa main sous ma jupe, je ne pus me retenir de le repousser violemment. Ce fut réflexe… Le geste fait, je compris le crime commis…

Lui se leva furieux, rouge comme le tapis qui était de moquette rubis. Nous restâmes en présence sans parler, puis la femme qui, d’un fauteuil placé à deux pas, avait vu la scène, susurra :

— Elle fait sa mijaurée, l’enfant ?

Je lui jetai d’un trait :

— Oui, Madame, vous faites la grue et moi le contraire. Cela nous convient à toutes deux.

Pacha-Lourmel, apoplectique, se jeta sur moi :

— Petite, je te veux, je t’aurai…

Ma réponse claqua :

— Ah non, par exemple.

Comment cet imbécile pouvait-il croire que je consentirais devant ce couple souriant aux faces stupides.