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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Bon ! alors, voulez-vous que nous dînions ensemble ?

— Mon dieu, cela se peut faire, mais enfin que me voulez vous, au fond ?

— Rien, mon enfant. Je pense que vous êtes une petite déclassée, une institutrice révoquée pour la propagande bolchéviste, quelque chose de ce genre…

— Voilà une étrange idée. Pourquoi ça, la propagande bolchéviste ?

— Dame ! vous m’avez dit que vous étiez… que vous étiez vierge. Si extraordinaire que ça paraisse, je l’ai cru. Mais pour garder… votre capital (Vous voulez bien que je parle comme ça ?)

— Allez ! allez !…

— Il faut que vous ayez des raisons tout à fait puissantes, et si elles étaient religieuses vous ne travailleriez pas chez Tsarskaia. Donc, il est évident que ce sont des raisons politiques ou morales ! Mais la morale révolutionnaire est la seule qui puisse inspirer des idées comme cela…

— Pas mal raisonné…

— Je ne me trompe pas ?

— Un petit peu tout de même. Mais, enfin, ce n’est pas mal déduit.

— Vous savez, moi je vais droit au but…

— Je m’en suis aperçue.

— Tenez, je vais vous prouver, moi aussi, que j’ai confiance en vous : je vais vous dire qui je suis :

— Ne vous croyez pas engagé à me faire des révélations…

— Si ! Si ! Je suis Pacha-Lourmel.

Je me sentis une forte envie de rire. Je connaissais tous les gens de lettres, peintres et musiciens, je veux dire que leurs noms étaient passé cent fois devant mes yeux. Ceux aussi de la plupart des députés, sénateurs ou politiciens sans