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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

faire ? Il me tenait par les deux bras et à vouloir m’enfuir j’étais assurée de déchirer mon corsage, le seul que je possédais… Je tentai de raisonner ce libidineux client de Tsarskaia :

— Voyons, Monsieur, je comprends votre erreur, mais c’est une erreur. Je suis ici pour la correspondance de Madame Tsarskaia. Je ne fais que cela et ne veux rien d’autre. Vous allez me déchirer. Laissez-moi !

Il resserra son étreinte. Il était furieux :

— Garce ! quand je commande, personne ne s’oppose à ma volonté, nulle part. Si tu veux être respectée, fais un autre métier. Ici, c’est moi qui règne. Tu es employée chez une femme qui a fait le truc. Tu remplace un type qui le faisait, de l’autre côté. Toutes les bonnes que j’ai vues ici le faisaient et tu veux te faire prendre pour une vertu. Je n’aime pas ça. Je te le dis…

La colère me venait aussi. Je pris la parole.

— Que vous l’aimiez ou pas. Vous passerez par là comme par la porte.

Je suis maîtresse de moi et ce qui se passait dans cette maison avant ma venue m’est indifférent. Je suis vierge et ce n’est pour votre usage, sachez-le, sachez-le bien !

Il me lâcha avec stupeur…

Un instant il tenta de se reprendre et je voyais les veines de son front gonflées comme des câbles. J’avais entre-ouvert la porte et s’il était revenu sur moi, je sautais, cette fois, dans l’escalier.

Il se passa la main sur le front :

— C’est vrai ! j’allais ailleurs après ici et j’ai cru y être déjà…

Il se calmait :

Je viens voir Tsarskaia parce qu’elle a toujours des choses précieuses à vous dire. Je suis pourtant une notoriété à Paris…

Il se rengorgeait…