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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

et à rester dans le couloir. Ces précautions se comprenaient assez.

Le visiteur, une fois assis, me rappela :

Je vins. Il était d’aspect sérieux et correct. Je n’avais aucune raison de me méfier de lui. Mais, quand je rentrai, il dit :

— Il n’y a pas un canapé ici ?

— Non, Monsieur !

— Mais si, il y en a un. Tu ne te mets pas dans un lit chaque fois, voyons ?

Je restai, la bouche ouverte, avec une figure si visiblement ahurie que l’homme éclata de rire :

— Tu sais y faire à la vierge, pour ça, tu le sais ! Il a même fallu que tu apprennes. J’aurais bien voulu être aux leçons…

Je voulus sortir, mais il se précipita sur la porte avant que je pusse la franchir et me retint par les bras.

— Allons, assez de blagues. Hein ! Je ne suis pas une poire. Ou va-t-on se mettre ?

Je commençais à me reprendre. Quoique écarlate et émue plus que je ne voulais le croire moi-même, je me mis à rire nerveusement :

— Monsieur, vous vous êtes trompé de maison. Ici il n’y a ni canapé, ni ce qu’il faut pour s’en servir.

— Ah ! tu te dessales, maintenant. Eh bien, canapé ou pas, il y a toi.

— Moi ?

— Oui, toi ! Mais ne fais donc pas ton étroite comme ça. Tu n’auras pas un sou de plus. On a dû te le dire. Avec bibi, c’est prompt et sans fioritures. Allons, ne me fais pas attendre ou je m’en vais…

— Allez vous-en, Monsieur, je vous prie. Je ne vous demande rien que de me laisser tranquille.

L’homme était maintenant tout congestionné. Je voyais sa colère monter, mais qu’y pouvais-je