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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— C’est moi qui fais tout ça. Et bien d’autres choses. Inutile de vous dire que cette annonce, passant dans des centaines de journaux, me rapporte des milliers de lettres et de visites. Les visites, je les reçois, je les contente et je les fais payer. Mais pour les lettres, il me faut une secrétaire d’abord qui les lise et qui y réponde ensuite. Voulez vous faire cela ?

Je restai sans souffle une minute. Cette offre me rappelait les paroles de la belle femme mal habillée vue le matin à l’entreprise de bienfaisance par le travail : Il n’y a pas de minute où quelque part on ne vous attende…

Je voulais en avoir le cœur net. Je dis d’une voix un peu tremblante malgré mon effort pour la rendre claire :

— Mais, Madame, cela n’est pas vrai, ce que vous promettez ?

Elle pouffa :

— Ah ! petite ! je vous embrasserais pour cette parole. Mais non, ce n’est pas vrai, ou plutôt ce n’est pas vrai comme je l’annonce. Bien sûr, que je donne aux gens des conseils qui sont bons et je leur rend souvent service. Je leur dis l’avenir avec assez d’habileté pour avoir des clients et clientes qui viennent depuis dix ans chez moi. Ils peuvent dire que jamais je ne les ai trompés. Mais enfin, ce que je promets c’est comme les annonces de médecins qui guérissent toutes les maladies. Dans la vérité, je fais très humainement de mon mieux…

Je pris mon courage à deux mains et je dis d’un souffle :

— Mais, Madame, ce n’est pas défendu des annonces comme cela, ce n’est pas poursuivi ?

— Calmez vous, l’enfant. Non ! C’est tout ce qu’il y a de licite. Et je vous dirai que je reçois