Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Je haussai tristement les épaules.

— Je n’ai pas eu d’ami au sens où vous le comprenez, Madame. Mon histoire est bien du genre de celles dont vous parlez, mais je suis encore sage…

— Pucelle ? questionna la femme avec une curiosité ardente…

— Je fis, en rougissant, oui de la tête…

Elle leva les bras au ciel :

— Est-ce possible. En voilà un cas… Ma petite, je vous garde…

— Mais, Madame, il faut que je sache pourquoi faire…

Elle but son verre de chartreuse d’un trait et se frappa les paumes.

— Ne croyez pas, ma petite, que je veuille vous faire pratiquer des sales trucs. Je ne suis pas une mère maquerelle. Je ne sais pas si vous resterez longtemps… vierge à Paris et dans la vie que vous allez mener, mais enfin cela ne me regarde pas trop. Je suis Sorcière…

Je la regardai avec un ahurissement dépourvu de politesse. Elle s’esclaffa :

Je suis Tsarskaia. Connaissez vous ?

Je fis nom avec ennui. Je me sentais ridicule d’ignorer Tsarskaia…

Elle aveignit un journal, l’ouvrit en dernière page et mit le doigt sur une annonce. Je lus :

Tsarskaia, la vraie, unique, incomparable. La seule qui connaisse les secrets de la chance et de la domination. Vos chagrins disparaîtront, vos désirs seront réalisés, vos ennemis seront écrasés et le bonheur vous sourira. Venez à moi. Je puis tout pour vous. Amour triomphant, santé, richesse, beauté, vengeance sont en mon pouvoir… etc… etc…

Totalement abrutie, je levai les yeux sur Tsarskaia. Elle riait comme si elle assistait à une bonne farce. Enfin, elle reprit :