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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Aucun orgueil, Madame. Veuillez admettre que précisément, parce que je me crois loyale, je ne veux faire qu’un travail à moi possible. Vous voyez bien, je pense, que pousser une voiture, si on me payait pour cela, me serait une peine sans profit pour l’employeur. Je ne veux toucher que le prix d’un labeur bien fait. Je ne veux pas d’aumône. Je regrette de ne pas savoir plus de choses, mais enfin je suis à prendre telle. Il y a emploi à Paris de mes connaissances…

La face de « La Directrice » devient glaciale et illisible. Pourtant elle ne semble pas vouloir encore rompre l’entretien :

— Mademoiselle, c’est notre devoir de vous mettre à l’épreuve. Vous l’avez compris et je vois que votre intelligence est vive. Mais en ce cas on ne vient pas nous trouver. Nous rendons service à tout ce qui est épave. Les personnalités fortes comme la votre n’ont pas besoin de nous. Nos moyens sont dérisoires à côté de ce qu’offre la ville en ses seuls hasards. Il y a en ce moment trente mille négociants, qui vous désirent pour des places de secrétaires, comptables ou autres de même genre que vous remplirez très bien. Il y a le double de situations sans nom précis qui vous sont ouvertes. Songez que quatre millions d’humains agissent autour de nous. Il n’y a pas de minute où quelque part on ne vous attende…

— Mais, Madame, je le veux croire. Toutefois, comment être présente au lieu utile au moment où il faut ? Je désire un conseil qui me guide. C’est comme si vous disiez qu’il y a des mines d’or quelque part en France. Le fait est vraisemblable en soi. Mais aussi vain sans indications précises que si vous disiez qu’il en est dans la lune.

Elle me demande brutalement :

— Et votre amant que fait-il ?