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Au lecteur :

Ce livre n’est pas sans prétentions, mais je ne crois pas devoir les énumérer toutes. Au surplus je n’en ai pas besoin. Une seule mérite ici d’être affirmée : l’authenticité des confessions qui font l’essentiel de ces pages, vécues au sens total du mot vécu. J’en connais en effet les « héroïnes ». La matière est neuve. On a coutume de faire, en littérature, les fillettes semblables à l’idée que s’en doit créer un professionnel de la séduction : Un mélange adroit de vices et de chasteté, de pudeurs perverses et d’ignorances lascives. Je me garde bien d’affirmer que cette image soit fausse, car elle fut illustrée au naturel et orne parfois les faits divers de presse. Mais enfin, je la crois artificielle et suggérée par toute une série d’écrits, dont la chasteté n’est qu’une perversion, d’ailleurs foncièrement malsaine. Il y a ici des jeunes filles pures, énergiques et saines. Cela ne les met pas, on le verra, à l’abri des convoitises mâles, mais donne à leur défense une valeur éthique et hautaine qu’il me plaît d’opposer également aux triomphes des séductrices insolentes et aux défaites des caractères amorphes.

J’ai mis cela dans un décor sanglant et destructif parce que j’ai pensé qu’il fallait moralement placer à l’échelle vraie ces aventures tragiques : puisqu’elles sont quotidiennes au point que nul ne les remarque en temps normaux. Pourtant…

R. D.