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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Moi, mes petits, j’ai connu l’aventure de Ly. Mais je n’ai pas su m’en tirer comme elle. Il est vrai qu’ils étaient quatre contre moi.

— Mais, Idèle, voilà l’émotion que nous attendons. Tu nous laisses entendre qu’elle est encore plus tragique. À nous le « grand frisson. » Nous t’écoutons :

— Soit. Vous allez ouïr comment je vécus, en des circonstances sans faste, mais non pas sans danger, ce que les poètes nomment l’initiation à l’amour. J’ai bien connu d’autres minutes émouvantes dans ma vie. Mais celle-ci, avec ses prolégomènes, est peut-être la plus pittoresque.

Vous verrez.

C’était en 1913. Au début de janvier, mon estimable père, ce baron de Javilar qui fît un si déplorable administrateur colonial et dont vous vous souvenez quel bruit fit son procès…

— Oui, le nouveau Verrès. Bien surfait d’ailleurs. Il n’aurait pas volé d’être condamné, non pour ses déprédations, mais pour les avoir faites si inintelligentes. Il n’avait rien rapporté du tout de son proconsulat asiatique. Des bibelots comme un sous-officier en envoie à sa bonne amie…

— Jacques, tu exagères. Deux mille trois cents caisses de bagages, tu trouves que ce n’est rien ?

— Peu de chose…

— Vous vous chamaillez à tort puisqu’il a été acquitté et nommé Commandeur. Je l’ai connu. Javilar, il fréquentait assidûment une boîte de la rue Larochefoucauld où l’on « fabriquait » des pucelles…

— Toi aussi ! Tu étais amateur ?

— Non ! J’y allais pour la drogue…

— Mais allez-vous laisser Idèle nous conter son histoire. Quelle bande de cancaneurs…

— En 1913, donc, mon paternel se fâcha con-