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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Donc, le lendemain de mon entretien avec l’argentin, je téléphone à Tallurac, que, désignée pour le remplacer je serais chez lui à midi. Il crut que c’était un homme qui lui parlait. Je m’empressai de ne pas le détromper.

À midi dix je descendais en gare de Saint-Come, armée d’une minuscule trousse avec quelques outils que j’avais l’habitude de manier, de la lettre et d’un manteau en poil de lapin, important et digne pour « faire cabriolet » la nuit si des idiots s’avisaient d’avoir besoin du médecin à des heures indues.

Je trouvai Tallurac ahuri. Il attendait un étudiant mâle et parut inquiet de me voir plutôt fluette — je n’ai jamais été poids lourd. — Il sembla méditer sur mes capacités de défense ; je ne devais comprendre pourquoi qu’un peu plus tard…

Je le rassurai en lui affirmant qu’un amour de petit browning ne me quittait pas. C’était faux. J’avais bien le bibelot, mais il était resté chez moi. Mon assurance d’amazone bien armée apaisa les soucis du toubib. Il devint aussitôt plus communicatif et bientôt très familier… Nous déjeunâmes ensemble. Il but sec et son rire était bruyant comme un tambour. Je demandais au ciel de l’expédier au plus tôt. Il devenait assourdissant.

Sitôt le déjeuner terminé et quand Tallurac eut absorbé un verre de curaçao, de la chartreuse pour faire opposition, de la liqueur advocaat ensuite — Vous savez ce truc trouble et jaunâtre qui est appétissant comme un plat de couscous — et enfin du cognac pour mettre le point final ; sitôt qu’il fut nanti d’alcools pour aller jusqu’à Marseille il m’emmena dans son cabinet m’expliquer ce que j’aurai à faire : Il y avait des « chroniques » à aller visiter tous les deux jours. Des malades dépourvus de toute maladie qu’il fallait voir