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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Niglousse, le notaire, qui m’a glissé ça un jour. Il a le testament.

— Laissons cette question. Tu sais, je me fiche de ton oncle. Va faire tamponner la babillarde de Tallurac à l’internat, ou le faire toi-même. Ensuite tu me la remettras…

— Oh ! te fais pas de bile. Je vais la faire signer par Cahuéte qui imite merveilleusement la signature de Boublin, notre éminent Directeur-Doyen. Boublin ne sait pas lui-même reconnaître les papiers qu’il signe de ceux que Cahuéte fabrique.

Ainsi fut fait. Alvearetl m’apporta la lettre le soir même à l’amphi, où je disséquais un lutteur…

— Un lutteur, Ly ?

— Oui ! Un lutteur de foire qui avait eu un accident en faisant des poids sur la place Sainte-Aldegonde. On l’avait apporté au trot, et descendu, éteint, non moins vite à l’amphithéâtre. Il y en avait pour tout le monde. La matière première était si abondante ! Moi je m’adonnais à la jambe droite.

On l’avait gonflé de suif, le pauvre bougre, et ça faisait du beau boulot. Nous, qui jouissions de ce macchabée somptueux, regardions avec mépris les copains qui s’escrimaient sur une vieille fille claquée étisique et qui n’avait de son vivant que la peau sur les os.

Mais revenons à notre histoire. Une fois nantie de la lettre j’étais en mesure de me rendre officiellement à Saint-Come. Je gagnai mon chez moi préparer ce voyage…

— Tu faisais des infidélités à la patte du lutteur ?

— Oui ! Je n’ai même jamais fini la préparation. Un camarade justement peu après se piqua avec son scalpel en travaillant dessus. Piqûre anatomique ! Il claqua le quatrième jour. J’ai laissé l’amphi de quelques temps après cette aventure…