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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Toi, Maya, ne te livre pas à des interruptions saugrenues. Oui, on me tutoyait dans toute la Faculté. Toutefois on ne le faisait qu’en parole. J’ai connu quelqu’un à qui on disait vous, mais avec les mains… Je réponds donc à mon argentin que je consentais à lui rendre service mais sous bénéfice d’inventaire préalable.

— Bon ! me dit-il, tu vas tout apprendre : Tu sais de quelle façon mon cochon de parent me fait surveiller… Rien à faire pour me livrer à des fantaisies et je suis attaché comme les nègres du grand’père l’étaient dans leur entrepont. Or j’aurais envie de passer quelques jours heureux… pas seul… et hors la portée du fouet de l’oncle…

— Je ne vois pas ce que je puis faire pour toi…

— Ta vas le voir. Tallurac a envoyé une lettre hier à l’hosto pour demander d’urgence un étudiant remplaçant. Tallurac habite Saint-Come, à côté. Il part à Marseille pour un congrès de Méditerranéistes. J’ai pris la lettre à l’internat et vais dire à mon oncle que je pars remplacer Tallurac.

— Et tu veux que j’y aille moi même… Tu as du fiel !…

Allons, Ly, te fais pas plus rosse que nature. Tu es une des futures gloires de l’Art d’Esculape…

— Pas du tout, mon vieux…

— Enfin tu épates les profs… Tu sais tout… Personne ne doute de ton assiduité… Si tu restes trois jour sans paraître à la Faculté personne ne s’en inquiétera

— Merci !…

— Comprends moi donc ! On pensera que tu es malade, bruit que je répandrai, et on ne se souciera que de ta santé, qui intéresse d’ailleurs tout le monde…

— Je vais te coller mon stylo dans les mirettes…

— Je ne rigole pas…