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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Bon. Alors tu es renseignée. Eh bien, mon métier, c’est ça. Je suis son amant. Quoi, ce n’est pas une sinécure…

— Je crois que si, à la façon dont vous traînez la nuit quand elle vous attend…

— Ma petite, moi, je suis comme une femme, je suis capricieux. Lisa l’est aussi et nous nous entendons à ravir. Mais pour la grosse besogne amoureuse, je lui laisse des tâcherons, des gens de labeur, des spécialistes. Moi, je suis pour les fioritures, les choses délicates, et la conversation.

Il s’arrêta un instant…

… Et puis, ma société suffit bien. Jamais Lisa n’aura, après moi, à entretenir un marquis de Valsaudry allié également aux lys et aux aigles bicéphales, dont les aïeux étaient nobles avant le fils du boucher, fondateur de la dynastie qui donna trente et quelques rois de France…

Je le regardai avec stupeur.

— Eh oui, c’est comme ça, petite. Lisa Damanian est assez honorée que je boulotte son pèze avec toute la canaille du Faubourg. Je dois te dire que c’est, en ce moment, la première fois que je manque à le faire, ou le fais si petitement.

Il appela le garçon :

— Donnez nous de la liqueur d’Angélique. Tu veux bien digérer, petite ? Car, sans un peu d’alcool, tes sandwichs te resteraient sur l’estomac.

Je bus de la liqueur d’Angélique. Valsaudry racontait les folies de Lisa Damanian. Elle avait eu l’idée, baroque entre toutes, de se faire donner une baignoire en argent massif.

— Crois-tu ça, il lui faut maintenant un frotteur exprès pour la baignoire. Aucune femme n’était capable d’en terminer le nettoyage par un bout avant qu’elle n’ait commencé à s’oxyder par l’autre.