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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

J’aurais assez aimé le journalisme. J’en ai fait depuis ; et, ma foi, j’étais douée pour l’injure ou la décortication critique. Mais, après le bachot, on ne vient pas dire à ses parents : je veux être journaliste. On accepte un à-peu-près. Ce que je fis ? Je me jetai dans la science que méprisa Pasteur : La médecine.

— Quoi ?…

— Dame oui ! Pasteur n’était point médicastre. Non plus qu’aucun de ceux qui firent progresser cette science. C’est peut-être une condition nécessaire…

Je fis donc mes études médicales. À dire vrai, la médecine est une profession charmante. On y conserve précieusement toutes les pratiques de sorcellerie et de magie d’il y a dix mille ans. Cela donne du pittoresque à une activité assez terre-à-terre. C’est aussi le dernier métier ou le sérieux soit de rigueur et l’avantage n’est pas petit. Tant d’autres ont perdu leur prestige parce qu’ils incitent à la gaîté. Tels sont les métiers de tragédien, ordonnateur d’obsèques, Receveur des Hypothèques et banquier. Mais si la gravité me plaisait dans la médecine, avec ce vocabulaire pompeux, et cette façon amusante de parler sans arrêt de tout ce qu’on ignore, je déplorais qu’on n’y fut plus intelligent.

J’avais le respect de ce qui pense. Je ne me figurais point du tout que mon respect me resterait pour compte.

D’avoir été si longtemps exercée par les barbiers, la médecine n’a pu perdre ce qu’elle possède de spécifiquement propres aux bavards, escamoteurs et jongleurs. Or j’ai, de naissance, détesté les faiseurs de tours.

Mais qu’importe ! Je fis ma médecine. Au temps où se passa l’histoire que je vous conte, je commençais ma troisième année. J’avais passé