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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Vous avez pu rentrer toutes deux sans autre incident ?

— Oui, cinq minutes après, habillée et digne, Lucienne n’avait plus l’air d’une fillette qui a passé si près des portes mystérieuses…

Elle était seulement un peu pâle. Son teint avait une transparence étonnante. Personne ne sut cette aventure et elle-même ne la connut jamais…

— Comment, elle-même ?

— Oui, mon petit. Je n’ai pas voulu la lui expliquer en détail. Je lui ai dit qu’elle avait eu un évanouissement en touchant terre. Elle croyait avoir pu nager longtemps ; se souvenait d’un éblouissement et de rien d’autre. La conscience lui était disparue aussitôt. Lorsqu’elle plongea et parut en criant, c’était réflexe. J’ai voulu garder le secret de ce sauvetage.

— Comment êtes vous rentrées ?

— Comme nous avions prévu, par le verger. Nous avons beaucoup détérioré le lierre en remontant à la fenêtre de la tourelle. Mais nous le fîmes sans être vues. Sitôt dans la chambre de Lucienne, nous nous rhabillâmes. Elle prit du linge. Moi je dus en reprendre, ayant usé du mien pour la frictionner. Puis, nous sonnâmes pour faire monter des choses alimentaires. Une demi heure après nous nous gavions de petits fours en buvant du thé.

— Tu ne t’es jamais aperçue que Lucienne ait souffert de cet accident même sans le connaître ? Car médicalement, c’était, pour une jeune fille de cet âge, susceptible de graves répercussions.

— Je n’ai rien su. Les deux mois qui ont suivi furent charmants. Il vint une société remuante et joyeuse qui ne nous laissa plus un moment de repos. L’année suivante, Lucienne épousait Simon, le fils de sa mortelle ennemie, Madame de Bragas-