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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

seins en porte à faux. Mes orteils se crispent pour s’accrocher au sol. Et comme si un mouvement de l’eau voulait cette fois me servir, Lucienne oscille et tourne. Je passe vite mon bras derrière son dos, car elle est face à moi, puis, de l’autre bras j’appuie sur son épaule. Elle s’offre, tenue par les reins, sur mon bras en équilibre. Sa figure a replongé une seconde.

Je tire. Le cher corps est tout entier hors de l’eau. Tout entier. Il ne faut pas qu’il y retouche.

Un instant je suis pendue, à demi entraînée en avant, raide comme une patère et je me demande ce qui va se passer. Et puis une sorte de mouvement inconsciemment commandé par un savoir secret et spontané me fait tourner sur la hanche. Je tends à rouler sur le dos. Le corps de Lucienne monte, passe sur le mien et vient se coller sur mon visage. J’ai une sensation de froideur si mortelle que je l’éloigne avec horreur. Et me voici enfin à demi rejetée à l’eau, suspendue au-dessus de la rivière, n’ayant plus contact avec le sol que jusqu’au bas des reins. Mais maintenue, ô ironie, par le corps de Lucienne qui a roulé au travers de mes jambes.

Je tente de m’asseoir et peu s’en faut que je ne pique un plongeon. Lucienne s’étend comme une loque à mes pieds et il me faut un tour d’acrobate pour me retrouver stable. Je me mets sur mes jambes et la prends…

Puis-je la soulever ? Oui. Je la porte des deux bras avec une vigueur inattendue. Je vais à pas lents jusqu’à la petite plage. Là je l’étends sur le sable brûlant et saisis ma chemise, puis, avec ce linge, je me mets à frotter infatigablement ma pauvre amie, de la tête aux pieds et sur toutes les faces.

Une minute se passe, je vois le thorax rougir sous ma friction. Quelle chose exquise : cette rou-