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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Vraiment c’est un plaisir que nous ne soupçonnions pas et qui dépasse tous les autres.

Mais maintenant il faut couronner notre escapade en allant faire la chose très défendue : Se baigner dans la rivière.

Nous n’avons pas peur… Nous nageons toutes deux comme poissons. Les nages à la mode : l’over arm stroke et le crawl inventé par les indigènes d’Honolulu, nous sont familières. Allons-y…

La rivière se contord avec douceur. Aussi loin qu’on voie, cela appartient aux Biquerine. Comme c’est ensablé en aval, il n’y a aucune navigation.

Très loin on admire sur un coteau abrupt le château somptueusement orgueilleux des marquis de Laurengis. Il est splendide, comme décor, vu à six kilomètres. Mais de près quelle ruine… À gauche, derrière un rideau d’arbres se devine assez loin un des pavillons. Celui que nous ignorions parce que les murs sont peints de tableaux érotiques. À plus de huit cent mètres vers la droite on voit le toit d’une demeure, celle qui fait enrager Biquerine et pousse cet homme discret à jurer comme un charretier. C’est là que demeure Madame de Brassagnac, pauvre femme âgée et bonne, sans aucune vanité, que Biquerine veut priver de ce gîte et qu’il traîne devant toutes les juridictions de France sous des prétextes puérils.

Pas une silhouette humaine ne nous est visible. Nous nous couchons dans les hautes herbes pour surveiller partout. Nous sommes vraiment seules…

Une anse est à cent mètres. Nous la gagnons : C’est charmant : Un petit lac avec un goulet de trois mètres de large. Cela fait plage. Assisses sur le sable nous nous dilatons de bonheur…

Allons ! plus d’hésitation ! À l’eau !

Lucienne cette fois me devance. Elle se déshabille prestement. La petite futée n’a pas pris de linge. Elle est nue sous sa robe. Je ne m’en dou-