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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

tagea mon « émotion » avant leurs Amers faisaient aussi des chaux et ciments. Ils avaient dû vendre aux Jacob une exploitation située à vingt kilomètres de là, car les « barons de Louptière » (Ainsi s’intitulaient ces gaillards), avaient acheté tout le terrain autour de l’usine Biquerine et intentaient de multiples procès à ces gens qui naturellement avaient transgressé toutes les règles et servitudes inscrites dans des titres de propriété millénaires ou quasi…

Le père Biquerine renonça aux ciments, et, comme il avait épousé la fille d’un marchand de vin de Cette, il alla dans l’Hérault créer son Amara qui lui rapporta plus d’or que sa petite usine de chaufournier. Biquerine, camarade de lycée de mon père, lorsque les Louptière furent chargés de construire presque toutes les forteresses de l’Est l’on usa de millions de tonnes de béton, acheta sur son conseil des titres de la société Jacob de Louptière et Cie qui rapportèrent de splendides dividendes. Mon père s’intéressa en plus à l’Amara Biquerine et ses relations dans le monde religieux lui permirent de faire acheter par tous les ouvroirs, orphelinats, séminaires et couvents de France des milliers de caisses de l’Amara Biquerine, promu à cette occasion au titre de reconstituant, de guérisseur des anémies, de fébrifuge, d’antinévralgique, et, je crois, de purgatif.

C’est dire si nos deux familles étaient liées et cela explique que je fusse, durant presque toutes les vacances, l’hôte des Biquerines dans une admirable propriété qui se trouvait aux confins du Gard et de l’Ardèche. Mes parents, qui n’étaient pas pauvres, détestaient les biens territoriaux de pur luxe. Un jardin avec un bonhomme pour en ratisser les allées semblait à mon père la seule chose parfaite. Il haïssait la nature. Ma mère était six mois par an en Égypte et six mois sur la Ri-