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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Une qui s’est présentée pour y rentrer, ou la fille d’une gonzesse du claque. Quoi une môme du truc, il n’y a pas d’erreur…

Ils m’emportent tranquillement. Je guette un passant qu’au risque de ma vie j’appellerais, quoique dans ces Ruelles…

Il n’y a personne. Mais je vois, je vois clairement, à cinquante mètres, le chevet de la cathédrale. Cette vision me frappe juste au moment où les soldats m’enfournent dans un couloir abject au pied d’un escalier sans rampe ou plutôt dont la rampe est une corde montant verticalement et que me frôle le visage. Je tente, dans l’étroit espace, de me dégager. J’y parviendrais peut-être et un moment j’arrive à me mettre debout. Mais ils sont deux à me fermer la sortie. Celui que j’ai fait lâcher, revient brutalement. Il passe la main sous ma jupe et me saisit à même la peau au-dessus des genoux en disant :

— Comme ça, échappes-toi, si tu peux !…

Le second me reprend par les épaules, en jurant, et ils commencent à monter.

— Lui fait pas mal, dit le dernier qui ne me tient plus, car l’espace ne permet pas de marcher à deux de front…

— As pas peur… On ne lui fera que du bien…

Et tous trois se mettent à rire grassement.

On me hisse lentement dans l’escalier. Bientôt c’est l’arrêt.

Une porte est ouverte d’un coup de pied par celui qui me tient les cuisses. Nous entrons ainsi tous les quatre dans une chambre. Celui qui vient à la fin ferme la porte avec une sorte de targette haut placée et les deux autres me déposent à terre sur le dos…

D’une secousse des reins je suis debout. Il y a une glace pendue au mur juste devant moi et je