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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

— Eh bien ! chacune et chacun de nous a vécu quelque aventure, le plus souvent d’ordre galant, et mettant en scène la défense des jeunes filles encore intactes contre la cupide sexualité des hommes…

— Oui ! je pense que toutes ici nous en avons vu… et de sombres.

— Et de gaies…

— Et de violentes…

— L’idée est heureuse de les conter ; nous allons, par ordre, dire à notre tour la plus puissante émotion de nos vies. Il n’est pas obligatoire toutefois que ce soit une aventure amoureuse.

— Elle le sera le plus souvent…

Elle sera ce que nous voudrons. Quelle illustration aiguë des théories de Jacques et de Ly, d’Hérodiade et de Kate !

— L’émotion la plus âpre est-elle sexuelle ou autre ? Est-elle de surprise et de défaite, ou de défense et de triomphe ? Voilà le problème secrètement posé à illustrer.

— Très bien. Nous passerons en revue la sensibilité humaine entière…

— Eh oui ! Rappelons nos vingt ans et…

— J’acquiesce.

— Et moi.

— Et moi.

— Et nous.

— Écoutez ce bruit lointain.

— Ils ont dû faire sauter quelque chose. Au-delà des collines…

— Cela se rapproche…

— Qu’y faire ? Le monde entier est atteint de furie destructrice. J’arrive des îles de la Sonde où l’on est aussi incendié qu’ici ; Georges dit que la Mongolie est en fureur, Tahiti s’ensanglante aussi contre sa tradition millénaire… Nous sommes, par chance, en un refuge heureux. La forêt qui nous