Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

semble qu’elle fasse d’après les journaux, la sanieuse crapule des Ruelles me donnent par réaction du courage. Je suis une fille de bourgeois. Je ne dois pas avoir peur. Et je m’engage dans ce coin nauséeux.

Je marche sur je ne sais quoi, je glisse, je me retiens aux murs suintants et gras. Est-ce que va durer longtemps ce voyage dans l’obscurité. Mais le couloir fait un coude et je vois sa fin. Le jour, bien faible, naît à l’autre bout, je me presse. Enfin je suis à l’air libre.

C’est une sorte de place ou de lieu géométrique auquel aboutissent six chemins semblables. Une rue plus large s’y amorce je vois s’allumer devant moi un réverbère. Je n’ai pas vu de lampion public jusqu’ici. J’admire, puis je songe que mon voyage se suffit tel. Où suis-je ? Il me faut reconnaître le chevet de la cathédrale pour reprendre ma route de retour. La Cathédrale est un énorme monument, on doit la voir de partout. Je suis certaine de m’y retrouver.

Au couchant, le ciel est encore vert. D’un vert très lumineux.

J’avance. La rue est large. Il n’y a aucune vie. D’une porte invisible sort subitement un être que je ne détermine qu’en m’approchant. C’est une femme vêtue d’un sorte de robe flottante. Elle me tourne le dos. Je ne vois que sa carrure puissante et son chignon énorme, bas sur la nuque.

Soudain, arrivée près de la lumière la femme s’arrête et se retourne. Ce n’est pas un réverbère du tout cette lanterne. C’est une enseigne. Sur chaque face est peint un énorme numéro 4.

La femme m’a vue. Sous la lueur qui tombe, son masque chevalin marque un étonnement complet. Elle me toise des pieds à la tête, et, à mesure que je m’approche je vois mieux son aspect. Elle porte un peignoir de couleur tendre, violet ou bleu très