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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

d’un revers de main. Il en fut éberlué, s’arrêta net et rebroussa chemin aussitôt. Je me revis seule.

Je sortais du « Cloître » comme je me trouvai face à face avec deux femmes vêtues de noir, âgées, et portant avec ostentation un aspect de veuves inconsolables. Elles me dévisagèrent avec curiosité, et se retournèrent certainement quand je les dépassai, car je n’entendis plus leur pas. Je me hâtai.

Jusqu’ici j’avais suivi mon plan avec rectitude et sans accroc. Maintenant il s’agissait de continuer dans la partie la plus ingrate de mon périple, je passai par une sorte de route non pavée qui tournait le chevet de la Cathédrale et je me trouvai dans la rue qui cette fois menait aux ruelles. Elle se nommait la Rue Présentine. Il est vraisemblable que les demeures coites et les jardins qui la bordaient avaient abrité jadis un couvent de sœurs de la Présentation.

Le silence régnait absolu. Pas un murmure de la ville ne venait jusqu’ici. C’était une voie pavée en grès avec dénivellation médiane.

Autour de moi je voyais une suite de hauts murs à portes basses cloutées en croix de lorraine ou en chevalet selon la forme des étais intérieurs. Des bornes à droite et à gauche de chaque porte disaient le temps le cavalier descendait et grimpait sa bique par ces montoirs. Au dessus de chaque borne on voyait les traces encore du scellement des anneaux les chevaux étaient attachés.

De temps à autre le mur s’ouvrait par une sorte de meurtrière étroite et haute partant à un mètre du sol. Je ne me rendais pas compte de l’utilité même lointaine de ces orifices. Uniformément le lierre débordait au faîte des murs. On percevait, au-dessus, les toits de demeures sombres auxquelles appartenaient ces jardins tristes que nul bruit ne troublait. Une mansarde ou un œil de bœuf c’est tout ce qui s’entrevoyait pourtant de ces hôtels