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— Y a bon… Y a bon…

Son armoire à grande glace ovale lui renvoyait pendant ce temps des images lascives.

Pygette commença de s’habiller. Il était onze heures moins cinq. D’abord, lui fallait-il se mettre sur le ventre une ceinture de caoutchouc propre à effacer ce que la mode veut qu’on efface. Car nous ne sommes plus au temps où il seyait aux femmes de sembler aux bords de l’enfantement… Et puis il faut attacher quelque part les jarretelles qui assurent la dignité des bas. Prendrait-elle une ceinture bleue, rose, mauve, tango, opéra ou violine ? Cela déciderait d’ailleurs de toute la toilette, car il faudrait assortir la chemise-enveloppe à la ceinture, puis la robe à la chemise-enveloppe, le chapeau à la robe et les chaussures itou… Cruel problème. Pygette se décida pour une ceinture opéra. C’est un rouge violacé qui doit ressembler à la pourpre romaine. Il réclame des chairs abondantes et pigmentées pour être porté familièrement, mais il donne, en ce cas, à ces chairs une magnificence impériale.

Et Pygette choisit ses vêtures. On ne porte pas de bas rouges, mais il faut que dans leur couleur légère et atténuée, la transparence du derme unie à leur nuance propre permettent un rappel de la teinte d’ensemble. Elle découvrit enfin des bas qui donnaient en transparence un délicieux dégradé violet et qui lui parurent magnifiques. Elle les chaussa aussitôt. Je pourrais, bien entendu, en vous contant toutes ces choses décrire les positions diverses et les aspects, les perspectives et les profils du corps de Pygette. Cela se prêterait sans vergogne à des études verbales de nu aussi poussées qu’il me plairait. Car j’aime autant vous l’avouer, Pygette n’avait aucune pudeur. Aussi bien cela l’eut certainement gênée dans sa profession…

Mais je dois le dire chastement, on ne sait jamais où l’on sera entraîné lorsqu’on s’avise de littératurer dans