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ni de personne. Tu feras bien de boucler ce qui te sert de gueule, car je te casse le pot à eau sur la tirelire, aussi vrai que je suis la môme Pygette dite belles fesses.

L’adversaire de Pygette avait maintenant mis son pantalon et son gilet. Cela lui donnait de la dignité. Il haussa les épaules.

— Si tu veux te faire grouper et mener au Dépôt tout de suite, tu n’as qu’à continuer tes boniments. Si tu avais été gentille, je t’aurais avertie de quelque chose que je sais et ça t’aurait rendu service. Tu fais du foin, tu crosses, bon ! Je la ferme. Mais boucle aussi tout de même parce que j’en suis et la patience n’est pas mon fort.

Comme Pygette se taisait, horrifiée d’avoir hospitalisé un policier et un policier de telle envergure qu’il avait pu la payer aussi largement qu’un Américain, il ajouta :

— Avec ma pomme, tout à gagner quand on met les pouces, tout à perdre si on fait le crosson. Je les mets ! Adussias, la môme ! T’aurais mieux fait de me laisser m’amuser un peu.

Et il sortit.

— M…, dit Pygette.

ii

Le beau jour


Lorsque fut disparu le client exigeant et mauvais coucheur, Pygette, un moment étourdie d’épouvante, retrouva l’équilibre de son charmant esprit. Et d’abord pour commémorer ce départ elle esquissa une bamboula-java du plus étonnant aspect. Ensuite, l’essoufflement étant venu, elle retourna voir le beau temps, et chantonna Valencia d’une voix attendrie. Enfin comprenant que, l’oiseau de mauvais augure enfui, la journée s’offrait riche de toutes les félicités, elle se tapa quelques claques sur les fesses en criant sur un ton nègre :