Page:Renee Dunan Frissons voluptueux, 1927.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 4 —

L’individu devint rouge comme une bouteille de dentifrice et se dressa sur le lit sans songer à ménager la pudeur de personne. Pygette, pourtant habituée à maint spectacle, dit audacieux et qui parfois y jouait même un petit rôle bien payé, en fut offusquée. C’est que rien n’est indécent comme la nudité mâle, lorsque sa pilosité et son absence d’harmonie dans les formes dépasse un certain degré.

— Ah ! tu ne veux pas te recoucher, petite garce, eh bien, tu verras.

— Je verrai quoi ? dit Pygette avec étonnement.

— Tu verras, tu verras, et pas plus tard que demain. Tu ne sais pas ce que je suis…

— Tu es un…

Ainsi répondit laconiquement Pygette qui ne tremblait pas. Ce n’est aucunement que son courage fût grand et quotidien, mais ce matin-là elle eût défié le ciel. Avoir été obligée de s’offrir à cet ours exigeant, et, au matin, quand il serait si bon de se vêtir en chantonnant, devoir recommencer malgré le soleil qui vous appelle dehors, il y a de quoi enrager. Pygette faisait tête.

— Oui, rétorqua brutalement le gaillard en commençant de s’habiller, je suis cela peut-être, mais toi tu regretteras demain de me l’avoir dit.

— Ta gueule ! dit Pygette bondée de courage et prévoyant la fuite du personnage dont elle avait, par chance, et en arrivant, avant de se mettre au lit, perçu l’honoraire et que cette certitude rendait fière.

L’autre grogna :

— Crâne, ma petite, tu as vingt-quatre heures pour ça, en attendant le bigne.

Cette fois Pygette rouspéta :

— Le bigne, dis donc, espèce de faux-cul, pour qui me prends-tu ? C’est toi qui devrais y être, dans le bigne, avec ta gueule de faux témoin et de voleur à la tire. Moi je suis une honnête fille et je ne crains rien de la justice