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vedette, avec un art infini, tous les charmes opulents que la nature lui avait dévolus.

— Que voulez-vous, mademoiselle, demanda l’Excellence.

— Je voudrais, monsieur le Ministre, vous demander les Palmes Académiques.

— Pour vous, c’est accordé. Cette belle poitrine est même faite pour porter d’autres traces de baisers que ceux de l’Université.

En même temps il passait une main légère, insistante pourtant, sur les seins de Pygette qui trouva qu’un Ministre de la République a vraiment de bonnes façons.

— Ce n’est pas pour moi, monsieur le Ministre, dit-elle avec timidité, c’est pour un de mes parents, le baron de Coucouline.

— De Coucouline, s’exclama le Grand maître des Écoles avec stupeur, c’est un vrai nom, ça ?

— Mais oui !

— Alors, il aura son ruban. Avec un nom aussi significatif on doit être décoré ou la République ne serait qu’un vain mot.

Et il se mit à rire pour inciter Pygette à l’imiter durant qu’il examinait si cette sollicitante méritait, d’un égard esthétique, les faveurs promises. Car chacun sait que les grâces de l’esprit, dans un pays aussi délicat que le nôtre, ne sont rien sans les grâces du corps.

Les investigations ministérielles furent concluantes, la jeune personne possédait de face, de profil et de revers tout le nécessaire pour intéresser un personnage aussi considérable. Aussi commença-t-il, le sang aux joues, à vérifier la qualité de ces formes excellentes. Tout y était, il dut se l’avouer, ferme et dense, de chair solide et copieuse, sans malfaçon apparente.

Il restait à vérifier de visu si la statuaire pouvait se déclarer satisfaite. Gentiment il demanda à la porteuse de placet s’il lui déplairait d’enlever ces vains ornements