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Ministère, rideaux baissés, puis y resta un moment, muet et immobile, avant de déverser ses locataires, ce parce que M. de Coucouline se trouvait en nécessité de terminer cette péroraison à laquelle il tenait et pour laquelle il était de fait magnifiquement enlangagé.

Au surplus, pour éviter toutes surprises, un autre agent veilla, jusqu’à la sortie des personnages, sur cette auto oscillante, car la pudeur de la rue de Bellechasse est bien moindre que celle des Acacias…

— Vous demanderez à parler au ministre, dit M. de Coucouline, et vous insisterez pour le voir. Comme vous êtes charmante et qu’il aime les jolies femmes, il est probable que vous réussirez. Vous lui direz donc mon nom et mes états de service : car j’ai écrit il y a quinze ans, une plaquette sur je ne sais plus quelle question d’histoire locale, et j’ai fait les frais de l’éducation pour trois enfants de mes fermiers qui ont obtenu leur bachot. Vous voyez que je suis pour l’Instruction Publique une recrue de choix. J’attendrai donc votre sortie, et, si besoin est de me voir, vous direz que je me morfonds dans l’antichambre.

Tout se passa bien, c’est-à-dire mal d’abord.

« Le ministre ne reçoit pas, il ne reçoit que sur rendez-vous… il vous recevra la semaine prochaine… demain… etc., etc.

À ces excuses, Pygette opposa un front serein et une obstination pleine de dignité. Agitant ses jambes sous la jupe courte et montrant à point ses cuisses avec leur union, elle réclama obstinément un entretien avec M. le Ministre et fut enfin, après une défense honorable, amenée à faire capituler ce considérable personnage qui décida de l’accueillir. Le Ministre était alors Batastou, grand leveur de jupons et grand fendeur de bois, du bois dont on fait les quilles. Il était certainement surchargé de travail, mais ne put retenir un sourire en voyant entrer Pygette balançant ses larges hanches et mettant en