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l’identification des membres de chacun. Pourtant tous deux étant vêtus et l’espace se trouvant réduit, ils n’exhibaient point de chairs interdites. Le mot cochon était donc employé par le représentant de la force publique comme un symbole. Il se mit d’ailleurs aussitôt à verbaliser.

Pygette était plus morte que vive. Elle se croyait assurée que cet homme à képi tint dans sa poche son nom et son signalement tout prêts et qu’il l’emmènerait illico, dès le nom avoué, vers les geôles les plus profondes et les plus humides. Aussi son hébétement était-il total. Le baron de Coucouline voyait, pour peu que le procès-verbal fût suivi, disparaître son désir d’obtenir les palmes. Il s’en inquiétait peu, étant de ces philosophes campagnards qui tiennent une jolie fille et une bouteille de bon vin pour d’inégalables perfections. Il avait été une fois pris du désir des décorations, soit, mais son renoncement n’était rien moins que douloureux.

Lorsque Pygette dut décliner son nom authentique, sa voix tremblait tellement qu’il lui fallut le répéter plusieurs fois. Elle eut un grand étonnement à constater que l’agent n’en semblait point ému.

Et elle eut de la peine à contenir tout son bonheur lorsque le préposé à la pudeur du Bois laissa, son constat fait, les deux amoureux repartir tranquillement. Alors le baron de Coucouline dit au chauffeur :

— Menez-nous au Ministère de l’Instruction Publique, tout de même, on peut bien être décoré et outrager les mœurs, je pense, dans notre république athénienne.

Et en route, il murmura à l’oreille de Pygette :

— Cet imbécile nous a surpris au moment le plus tendre de notre entretien, de sorte que je n’ai pu vous faire ma péroraison, que j’ai généralement éloquente. Voulez-vous que nous reprenions ?

Pygette, toute à la joie de n’être point arrêtée, accéda en riant et voilà pourquoi un taxi s’arrêta devant le