Page:Renee Dunan Frissons voluptueux, 1927.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 40 —

priment ceux qui ne sont qu’imminents. Mais maintenant l’angoisse lui revenait d’être poursuivie par la police pour un crime dont elle se savait mille fois plus innocente que les innocents les plus innocents ne peuvent l’être. Elle voyait toutes ces brigades d’agents chargés de l’arrêter qui sillonnaient Paris avec son signalement dans leurs poches. Quelle horreur et comment y échapper ? Ah ! si elle avait pu rester chez la duchesse.

Mais que pourrait-elle y faire ?

Elle dit :

— Ne pourriez-vous pas me garder, madame ?

Mme de Bofighne se mit à rire :

— Pourquoi n’as-tu pas voulu me dire la raison de tes aventures. Je veux les connaître.

— Oui ! dit Pygette, mais à quel titre me garderez-vous ?

— Comme seconde femme de chambre.

— Non ! dit la jeune femme, je suis trop indépendante pour servir. Et puis je ne sais pas. Je suis une petite grue qui n’a trouvé que ce métier pour satisfaire son goût de s’appartenir.

— Tu as trouvé un drôle de moyen, rétorqua la duchesse, pour t’appartenir tu te résigne à être à tout le monde.

— Mais madame, dit humblement quoique énergiquement Pygette, je n’appartiens à personne. Je me loue à l’heure ou à la nuit, quand je veux, avec qui je veux et pour accomplir les actes qui me conviennent et pas d’autres. Je suis une femme libre.

La duchesse écoutait ces réflexions philosophiques.

— Alors, que veux-tu être ici ?

— Une parente pauvre.

— Mais sais-tu, petite, que pour être parente de la duchesse de Bofighne, il faudrait que tu fusses au moins comtesse. C’est impossible.