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— Si on se sauvait, continua Pygette pratique. Il va revenir peut-être pour faire exorciser son caveau.

— Tu as raison. Il faut vite monter et Baptiste va venir en hâte démolir ce lit familial. Il emportera le matelas et les draps. Lorsque mon mari voudra trouver des traces de ce qui lui est arrivé, tout sera évanoui.

Pygette éclata de rire.

— C’est rigolard.

Et toutes deux se sauvèrent à leur tour.

Dans l’escalier, notre aimable héroïne disait à la grande dame avec un respect aggravé par la venue du jour :

— Je monte chez vous.

— Mais oui, mais oui, suis-moi !

Bientôt elles furent dans un appartement somptueux. Baptiste rencontré s’inclina jusqu’à terre sans aucune des familiarités qu’on eût attendu d’un homme aussi… intime.

— Baptiste, dit sèchement Mme de Bofighne, descendez à la cave très vite et montez tout ce qui s’y trouve. Vous laisserez la caisse mais la dresserez debout de façon à ce qu’elle ne semble plus ce qu’elle est.

— Bien, Madame la duchesse, dit le valet qui se précipita.

— Faites vite et venez m’avertir sitôt que tout sera accompli.

Le laquais était déjà disparu.

Un quart d’heure plus tard, Pygette se trouvait nantie d’une robe qui la vêtait, ma foi, fort bien et d’un exquis chapeau. Elle pouvait affronter la rue et se rendre chez elle…

Mais à la pensée revenue de son appartement du boulevard des Filles-du-Calvaire, la douce enfant sentit un grand frisson lui parcourir les vertèbres. Certes elle venait d’oublier dans une série d’aventures absorbantes le côté désespéré de sa situation. Les malheurs immédiats