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et diminuée en ses formes, lorsque son buste parvenu à l’attache des hanches s’épanouissait. Ce n’est pas, pour parler non sans prétention, la langue grecque, Pygette qu’on eût donc dû la nommer, mais « macropyge ». Avouons que si c’eût été exact, c’est infiniment moins gracieux que Pygette… On devine bien, d’ailleurs, en France, où l’esprit de tout le monde est aussi subtil que celui d’un seul homme d’esprit, que Pygette est un paradoxe. Au surplus jamais on ne s’y était trompé…

Mais à quoi bon tant parler d’une chose qu’il suffit d’admirer en silence. Aussi bien, voilà Pygette qui se lève. Le lecteur peut goûter comme moi l’ironie subtile de son nom : Pygette… Hé ! sa callipygie n’était pourtant pas d’un modèle puéril. Elle étalait une ampleur lunaire et bifide, à la fois replète dans l’ensemble et dans chacun de ses deux éléments. Pygette ne possédait d’ailleurs pas, de noble et de majestueux, que cette partie d’elle-même, nommée par les gens prosaïques d’un autre nom vulgaire et sans faste. Elle s’ornait d’une figure délicieuse et modernissime, à cheveux ras, très androgynique et qui aurait converti au féminisme le fameux sculpteur Benvenuto Cellini, grand amateur de petits garçons. Enfin, son buste était digne de sa croupe. Deux seins impériaux, aux courbes savantes, lui donnaient un air agressif à la fois et désirable. Ses reins souples et tissus de beaux muscles fermes se creusaient en suivant une colonne vertébrale qu’on eût voulu caresser. Sous les seins le thorax descendait en pente douce vers le ventre lisse et poli comme la panse d’une urne chinoise, et d’un blanc rosé propre à émerveiller le plus habile céramiste.

Parlerai-je de ses jambes longues et fines, aux cuisses pleines et renflées, aux jarrets minces, aux mollets épanouis ? Oui, sans doute, et même de l’ensemble qui, en d’autres temps, aurait constitué, sculpté, une Vénus propre à orner et érotiser les pages des albums et les salles d’un grand musée…